J'écoutais l'autre matin Christiane Charette avouer à Neil Bissoondath qu'elle est avant tout une lectrice de personnages. C'est ça qui l'intéresse dans les romans, c'est ça qui l'attire. C'est ce pourquoi elle aime lire.Curieusement, cet aveu de sa part m'a aidé à me soulager d'un poids que je porte depuis toujours sur mes larges épaules de culturiste (de nos jours faut toujours se beurrer la tartine soi-même, ne pas compter sur les autres, sinon ce ne sont que regrets et remords). Après avoir lu une nouvelle ou un roman, ce dont je me rappelle avec le plus d'acuité, ce sont les atmosphères. Beaucoup plus rarement des personnages ou de l'intrigue.
Ça m'a valu un lourd sentiment d'inadéquation toute ma vie, mes amis, mes connaissances, Suzanne (et je suppose Benjamin) se souviennent, on dirait, de tous les détails des livres qu'ils lisent. Pas moi. Je reste coincé avec mes atmosphères, des impressions fugaces, des sensations. Maudite cervelle pas au point.
J'ai appris à moins m'en faire avec le passage du temps, et aussi grâce à Pennac et maintenant à Christiane Charette. Je ne m'améliore pas, mais j'apprend à vivre avec mes déficiences.
(Les moins jeunes auront reconnu Arletty dans Hôtel du Nord. Elle y causait d'atmosphère; elle jouait le rôle d'une météorologue.)
2 commentaires:
Enfin quelqu'un qui me ressemble un peu. Le mois dernier encore, je m'en voulais un peu de ne pas m'être souvenu que j'avais déjà lu Le Liseur. Je l'ai relu par contre avec plaisir. Je ne retiens pas, comme vous, les atmosphères, je retiens seulement le titre parfois, l'auteur s'il est québécois ou que je les ai étudiés à satiété à l'école, mais je retiens surtout --et souvent seulement-- si c'était bon ou non, si j'ai aimé ou non.
Mes ami(e)s mettent ça sur le dos que je lis trop vite et pas toutes les pages. Peut-être vrai.
Moi non plus je ne m'en fais pas trop, mais on n'a pas l'air très cultivé!!!
Il y a eu une période dans ma vie où j'ai même composé des résumés assez exhaustifs des livres que je lisais, me disant que ce serait un excellent moyen pour ne pas tout perdre. Z'hélas. J'ai à peu près 250 longs résumés (1 à 2 pages à simple interligne) de livres dont je ne garde que des impressions.
C'est aussi une des raisons pour lesquelles je ne fais pas de résumés quand je livre mes commentaires sur une oeuvre.
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